Paradis perdu
- Romain Delaire
- 8 avr.
- 2 min de lecture
La jouissance d'être ça s'arrache.
Ça se prend, ça s'impose, c'est une menace.
La menace de vivre selon sa propre beauté.
Lorsqu'on est au fond du trou, cette idée est un vague mirage. Une chimère presque diabolique.
Quand on prend des coups, et je parle là de beaucoup de coups, d'abord on veut les éviter. On veut que ça se calme, on veut comprendre comment contenter cette chose qui nous tabasse. C'est une phase de soumission. Lorsque pour obtenir quelque chose de toi, te tabasser est une solution, alors une fois que cette chose voudra à nouveau obtenir de toi, elle te tabassera.
C'est horrible, malsain, dégueulasse si tu veux, mais c'est humain.
Je n'invente rien là. Ce schéma tu le connais, c'est le schéma que vivent les femmes, enfants, hommes battus qui excusent leurs bourreaux, ou qui simplement sont les fusibles d'une communauté dont ils ne savent pas se libérer. Je ne les condamne pas. C'est une initiation que de se relever et de se libérer. Toute ma force et mon amour vont à ces futurs pilliers qui se révéleront en trouvant la force d'en finir avec cette merde.
Mon sujet est de t'emmener à l'endroit où toi aussi tu t'infliges cette merde sans même pouvoir la nommer. Là où toi aussi tu te laisses endormir, séduire, éteindre, calmer, domestiquer dans l'espoir de retrouver l'insouciance perdu depuis longtemps, celle de ton enfance.
Je suis désolé de te le dire mon ami, mais c'est fini. Tu ne la retrouveras pas, et si à tes yeux tu ne l'as jamais connu, tu ne la produiras pas. Cette quête est vaine. En revanche, le prix de cette quête tu le payes au prix fort. Le prix de te faire abuser par celles et ceux qui osent te promettre ce paradis. Mais principalement tu te fais abuser par toi-même qui te vends que tu seras capable de retrouver ce paradis.
La vie d'un adulte n'est pas de retrouver son enfance, mais de faire briller son enfance dans un monde d'adultes.
Fonce, exprime, construis, affûte toi toujours et encore, donne, donne énormément, partage tout ce que tu trouves, aide tous ceux que tu peux, mais cajole toi d'abord toi-même. Chante toi toi-même les jolies berceuses, souhaite toi de douces nuits, donne toi toi-même les encouragements, prépare toi toi-même les délicieux repas, offre toi toi-même les nouveaux jouets, sois toi-même le parent qui enchante la vie du gamin qui aime vivre en toi.
En tant qu'adulte, sois le pillier de l'enfance de tes enfants et des enfants qui t'entourent; mais toi, avance, apprends, entreprends et dépasse toi jusqu'à ce que mort s'ensuive.

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