Aux enfants perdus
- Romain Delaire
- 29 sept.
- 2 min de lecture
À ceux qu'on a brimé,
À ceux qu'on a moqué,
Ceux sur qui on s'est vengé.
Des petites remarques venimeuses
Aux claques, aux châtiments et hurlements des encadrants.
À ceux qui ont vu, nos copains,
Nos sœurs, nos frères,
Ceux qui on été récompensés de ne pas être "les agités".
Terrorisés de pouvoir subir un jour, ce qu'ils voyaient leurs copains vivre tous les jours.
À ces époques de merde,
Ces années acides,
Ces abus normaux,
Ces adultes immoraux,
Ces punitions perverses,
Ces grands enfants méchants,
Encouragés à décharger sur leurs propres enfants.
Pour ceux d'entre nous qui étaient trop turbulents,
Rares ont été les instants innocents.
Encombrants à la maison, dans la rue, au magasin, à l'école et chez les nounous,
Les fessées, les menaces, les châtiments et ce sentiment d'être dérangeant étaient pour nous la normalité des jours, des semaines et des mois.
Et quand les grands essayaient de se racheter en trêves, en objets ou en promesses, c'était encore pire. On se sentait redevable, on se sentait minable de ne pas être à la hauteur de leur bonté.
C'est fou qu'être enfant ce soit aimer à ce point-là ceux qui sont là. Qu'ils soient les meilleurs ou les pires n'importe pas.
On s'adapte, on comprend, on se rend et on consent.
Quand on a grandit comme ça,
Quand on s'est senti tellement seul et agressé que toutes les occasions de fuir étaient des parenthèses pour vivre,
Il y a une douleur qui ne s'en va pas.
Après avoir trouvé un endroit où se sécuriser,
Après avoir traversé les enfers de s'être infligé soi-même cette manière d'aimer,
Il reste une immunité.
Les punitions, les menaces et les cris n'ont sur nous aucun effet.
Nous savons que les objets, les promesses et les trêves sont des chimères et des pièges. Nous fuyons toutes les vies qui profitent ou abusent de nos copains, nous construisons ce qui peut l'être pour un quotidien qui respecte, soigne et écoute nos gamins.
Romain








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